Allocution du Professeur Alassane SALIF NDIAYE,
Ministre de la recherche scientifique,
Membre du Haut Conseil de la Francophonie
Lors de la cérémonie de remise des récompenses aux lauréats de la Coupe francophone du français des affaires à Abidjan le 16 mai 1989
Monsieur le Ministre de lEnseignement technique et de la formation professionnelle,
Monsieur le Secrétaire général du Gouvernement,
Excellence, Monsieur lAmbassadeur de France,
Monsieur le Chef de mission de coopération et daction culturelle,
Monsieur le Président de lAPFA,
Monsieur lInspecteur pédagogique,
Mesdames et Messieurs les Européens,
Chers amis étudiants et élèves,
Mesdames et Messieurs,
Pareille cérémonie revêt à mes yeux une double signification. Elle veut dabord dire que la francophonie bouge et dans la bonne direction. Elle traduit ensuite la volonté de femmes et dhommes de qualité, ceux que nous aurons plaisir à distinguer, dinventer le français pour coller au mieux à lévolution du monde, singulièrement à celui du monde des affaires.
Le Secrétaire général du Haut Conseil de la Francophonie, M. Stélio FARANDJIS, en me faisant lhonneur de représenter ici notre Institution, veut exprimer toute sa fierté de constater la vitalité qui se dégage depuis quelques années de notre espace francophone. Il veut aussi marquer son soutien à une initiative qui prend place à côté de nombreuses autres, pour affirmer la place du français dans la vie des hommes daujourdhui.
Et vous, Francophones du monde des affaires, plus que quiconque, êtes confrontés à lâpreté des batailles multiples et multiformes qui ne peuvent se gagner que dans la justesse des idées et des mots, dans la pertinence des messages, dans lattrait que doit exercer leur formulation. Il faut, pour vous, être crédibles en affaires, cest-à-dire dans ces échanges qui obligent à limagination, à la création véritable, à la communication, à la diffusion.
Notre atout à nous, Francophones, réside sans aucun doute dans la réalité de limplantation de notre langue commune sur les cinq continents, cest aussi pour nous force réelle que de rassembler dans le monde, plus de 250 millions de locuteurs qui doivent, grâce à vous, devenir les vecteurs de vos idées et les usagers quotidiens des nouveautés lexicales que vous proposez.
Nous créons en français, nous voulons communiquer encore plus en français dabord entre nous Francophones, puis et surtout avec le reste du monde.
Il est par conséquent impératif que nous inventions le français, cest-à-dire un français imprégné des innovations daujourdhui, marchant avec et au rythme de lévolution de toutes les sciences.
Cest ce que vous avez compris, vous du monde des affaires, qui repoussez, dans vos propositions toujours affinées, les limites dun secteur essentiel, peut-être trop longtemps négligé, qui tendait à devenir chasse gardée, peuplé dun vocabulaire uniforme, secteur qui de surcroît, par mode mais surtout par complexe, nous échappait du fait dune réelle paresse intellectuelle.
Que lon me comprenne bien. Il ne sagit pas daller en guerre contre quelque langue que ce soit.
Il sagit dêtre offensif et non point agressif. Il sagit surtout dinventer chaque fois un français des affaires convaincant, réel, attractif, efficace, qui porte et qui touche.
Il sagit en définitive de changer de ton et aussi de rythme pour étaler à la face du monde toutes ces richesses de la création francophone.
La francophonie est dabord humanisme. Le français dans les affaires leur conférera sûrement une autre dimension, plus humaine.
Ceux qui, cet après-midi, seront honorés en raison précisément de leur contribution à cette noble mission, auront démontré quune langue, la langue française, longtemps confinée dans les salons de la diplomatie, est en réalité, aussi, langue scientifique, langue des affaires, cest-à-dire langue assurant à chacun et à tous, la sauvegarde des intérêts bien compris.
Le Haut Conseil, par ma voix, voudrait tresser à ces glorieux pionniers et autour de leurs récompenses, les lauriers de la reconnaissance.
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