TÉMOIGNAGES DE RESPONSABLES D'ENTREPRISES ET D'INSTITUTIONS :
Intervention de Patrick LUSSAULT, Directeur administratif et financier, Encyclopædia Universalis
Jai envie de commencer par un écho à ce que vient de dire Catherine Blum sur la façon dont sécrit le français.
Je me suis souvent dit que, bien souvent, les auteurs de textes de référence en langue française auraient intérêt à essayer quelquefois de penser leur texte dans une autre langue que le français en même temps quils lécrivent. On y gagnerait souvent en simplicité et en caractère direct.
Après cette petite parenthèse, un mot sur latlas statistique mondial dUniversalis. Cest un ouvrage qui existe. Nous lappelons "Chiffres du monde", et il fait partie de lEncyclopædia Universalis. Sa création répond à un besoin éditorial de lEncyclopædia Universalis, cest-à-dire quune grande encyclopédie générale de haut niveau comme Universalis doit faire face à un problème crucial qui est celui de lactualisation des données. Or dans une base documentaire qui représente actuellement quelques 30 000 pages imprimées, lactualisation ponctuelle et très rapide de données à caractère politique ou économique est une tâche effroyable parce quelle oblige, si on veut le faire de façon soutenue, à changer constamment des pages, donc des plaques dimprimerie, donc entraîne des frais hors de proportions avec les possibilités du marché tout simplement. Doù lidée que nous avons eue de concentrer en un seul volume, qui serait entièrement refait chaque année, toutes les données récentes à caractère économique ou à caractère politique. Et nous le faisons sous la forme de lun des 30 volumes de lEncyclopædia Universalis, avec cette nécessité que chaque souscripteur, quel que soit le moment où il fait lacquisition dune collection, reçoive la statistique de lannée en cours, et quil puisse les années suivantes le renouveler aussi souvent quil le désire, ayant ainsi le moyen de maintenir en vie du point de vue de léconomie et de la géopolitique disons, son encyclopédie.
Je vous ferais dailleurs remarquer que seule une fraction des lecteurs ou des acquéreurs de lEncyclopædia Universalis sont suffisamment intéressés par ce genre de sujets pour éprouver le besoin dun renouvellement très régulier de ce volume. Universalis est un ouvrage général qui sadresse au grand public, ce nest pas un ouvrage technique qui sadresse à des spécialistes de telle ou telle profession.
Alors comment avons-nous fait ? Il est clair quaucun éditeur français na les moyens, dans un cadre dentreprise, dentretenir une base de données économiques destinée à une publication annuelle, et qui comporte des dizaines de milliers de statistiques, aucun éditeur na les moyens dentretenir à lui tout seul une telle base. Donc nous avons fait appel à une source extérieure. Cette source extérieure cest la base de données économiques de I Encyclopædia Britannica. Il se trouve que Britannica est actionnaire à 50 % de lentreprise Encyclopædia Universalis. Il se trouve aussi que dun point de vue éditorial, il ny a aucun point commun entre les deux ouvrages.
La Britannica et Universalis sont deux encyclopédies qui reposent sur des principes intellectuels quon pourrait dire absolument opposés. Lune, la Britannica, privilégie le factuel, lautre, Universalis, privilégie le commentaire et la réflexion, pour faire très très simple.
Universalis est lhéritière de lencyclopédie de Diderot, clairement, alors que Britannica est une encyclopédie à caractère anglo-saxon très marqué, et qui place au-dessus de tout lexactitude et la pertinence de données factuelles, avec toute la sécheresse et toutes les insuffisances, de notre point de vue à nous, que cela comporte.
Bien, donc nous empruntons des données statistiques, et cest là que les questions qui ont été soulevées par les interlocuteurs, par les orateurs précédents, rebondissent. Nous en faisons un usage qui nous est propre, cest-à-dire quà partir de ces données, nous créons un livre et faisons une présentation qui nont absolument rien à voir avec louvrage que produit la Britannica, et en particulier parce que nous y introduisons un élément important, cest notre propre commentaire. Ces données brutes nous les habillons dun commentaire qui est produit, au sein de lencyclopédie ou par les auteurs de lencyclopédie.
Et ce "Chiffres du monde", lédition qui sera millésimée 93 sortira au mois de mars prochain, et sera à la disposition non seulement des souscripteurs de lencyclopédie, mais de lensemble des lecteurs qui voudront en faire lacquisition. Simplement, ce à quoi nous avons renoncé, cest à une version, à une présentation spécifique qui serait destinée aux non-souscripteurs.
Le petit livre rouge qui vous a été montré tout à lheure, cest une version que nous avons éditée pendant quelques années, et qui était simplement une présentation différente avec le même contenu, les mêmes données et finalement nous navons pas perçu lutilité de continuer à avoir deux présentations distinctes. Cest donc actuellement le volume avec sa présentation encyclopédique, la reliure blanche et bleue que vous connaissez sans doute, qui est vendu par le canal des librairies ou par notre canal de vente propre, en-dehors de la collection annuelle.
Voilà, une rapide présentation. Un dernier mot : la surprise, la divine surprise si on veut, cest quon soit amené à parler de cet ouvrage dans un cadre qui est complètement extérieur aux conditions ou aux données qui ont procédé à sa création. Le voir inscrit parmi les instruments dune politique française ou francophone internationale, il faut bien dire que ce nest pas du tout pour ça quil a été fait au départ, et quil puisse trouver ce genre dusage me réjouit profondément, et me laisse penser que cest peut-être le signe quil était assez bien conçu et assez bien réalisé.
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