Exposé de Jacques CAMPET,
Président de la Commission ministérielle de treminologie économique et financière
LA TERMINOLOGIE ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE EN 1995
Tout d'abord, je voudrais vous dire, M. ,le Président, que je partage le point de vue de M. CHOLLET sur l'amour des langues et l'amour de la langue, qui sont très compatibles et que je suis heureux aussi de ce qu'a dit M. GUIDECOQ sur les modèles d'expériences françaises et notamment en matière bancaire.
Alors j'en arrive maintenant au propos du jour. Plus de 300 mots qui ont été traduits la plupart du temps de l'anglo-américain dans nos sept arrêtés dont le dernier est du 31 juillet 1994.
Nous avons en préparation une huitième liste de 65 termes qui ont été approuvés par notre commission générale le 7 avril 1995, et testés, au cours d'un déjeuner-débat, auprès de journalistes économiques et financiers ; ils sont maintenant à la Délégation générale à la langue française pour la suite à donner à la procédure. Je vous rappelle brièvement comment nous travaillons.
Nous avons maintenant un certain nombre de groupes, au début il n'y avait que finances, banque, marchés et techniques commerciales, ce sont les deux plus grands domaines mais depuis nous avons des rubriques en économie d'entreprise, en marché du travail, en concurrence commerciale. Ce que je veux vous dire sur notre prochaine liste, certainement pas vous la narrer terme par terme mais peut-être en prenant deux ou trois termes, vous expliquer comment nous travaillons
Il y a par exemple, depuis quelques années, un mot qui fait fureur dans le journalisme économique, c'est le terme de "defeasance". En gros, de façon péjorative, c'est un nettoyage de bilan ; dans cette prochaine liste, nous avons traduit, je ne sais pas ce que vous en penserez, nous avons hésité entre deux mots, soit le mot de défaisance, puisque c'est quelque chose qu'on défait, c'est enlever du bilan un certain nombre de valeurs qui sont plus ou moins compromises pour les mettre dans une entité distincte, mais parce que certains journalistes et la Cour des comptes, à laquelle j'ai l'honneur d'appartenir, emploient le nom de cantonnement, nous avons mis en face de défaisance cantonnement et c'est l'usage qui décidera.
Je voulais vous signaler aussi une bonne traduction pour le "burrowing", de plus en plus employé, ce repli craintif qui amène l'individu à tout faire à domicile, nous avons décidé que nous proposerions au ministre le terme d'enfouissement.
Je vous signalerai aussi des jolis mots à propos de "coach" et de "coaching", qui de plus en plus aussi sont utilisés, non seulement dans le sport, mais en économie d'entreprise ; nous revenons aux sources avec le mentor, comme celui de Télémaque, et avec le mentorat, terme qui semble très employé dans des endroits peu connus comme la Cour des comptes, où chaque jeune auditeur se voit désigner parmi les conseillers référendaires, un mentor pour lui permettre d'apprendre le métier. D'où mentor et mentorat.
Je vous signalerai en face de "cherry picking", la sélection des seuls éléments intéressants dans une opération de zone de marché, le mot de picorage qui devrait facilement être adopté et qui fait traduire deux mots en un seul, contrairement à ce que l'on dit souvent sur le français qui serait trop long par rapport à l'anglais. Autre exemple de raccourci : pour la définition d'un nouveau recul de l'économie après une phase d'amélioration, où l'anglais emploie le "double dip récession, nous avons retenu la replongée, un seul mot au lieu de trois mots.
Nous apportons aussi notre obole dans le domaine de l'économie d'entreprise avec le "down-sizing", qui est la réduction de la dimension des unités économiques pour permettre une meilleure productivité, et nous adoptons très facilement la réduction de taille.
Et puis pour terminer, je voudrais vous dire combien nous sommes parfois un petit peu hésitants par rapport à des termes anglais tels que "benchmarking"&bvsp;; parce que beaucoup d'entre nous pensaient que le parangonnage, par allusion au parangon, modèle de vertu, serait une bonne traduction ; mais les techniciens de l'économie et les entreprises en particulier, ont pensé que ce ne serait pas assez imagé ; nous hésitons par conséquent encore un petit peu par rapport aux mots référenciation et étalonnage ; je crois que c'est le mot référenciation qui a gagné la majorité ; ce sera donc référenciation en face de "benchmarking" et nous mettrons étalonnage et parangonnage en synonymes.
Voilà pour vous dire que le travail est important et que nous essayons d'aller vite puisque nous en sommes à notre huitième liste.Retour au sommaire des actes des 8ème et 9ème journées
Retour au sommaire des journées
Retour au sommaire général