Remise des prix du Mot d'Or à Nouméa le 20 septembre 2011



Les lauréats et les organisateurs


(Les Nouvelles Calédoniennes, magazine Weekend du 24 septembre 2011)


Discours prononcé le 20 septembre 2011 à la Maison du Livre de la Nouvelle-Calédonie à l’occasion de la remise des Mots d’Or


Monsieur le Membre du Gouvernement en charge de la Francophonie,
Monsieur le Vice-Recteur,
Madame la Déléguée académique à l’action culturelle,
Monsieur le Président de l’Alliance Champlain,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,

Il ne suffit pas d’utiliser AIMANTIN pour magnet's, BALADEUR pour walkman, ÉPINGLETTE pour pin's, FLORILÈGE pour best-of, FRIMOUSSE pour smiley, MERCATIQUE pour marketing, PARC AUTOS pour parking, PLANIGRAMME pour planning, PRIMAUTÉ pour leadership, ACCORD pour deal, CHARIOT pour caddie ou CHEF DE FILE pour leader... pour devenir un parfait homme français des affaires !

Encore faut-il cultiver à l’envi son insolence, son insubordination lexicale et mentale face aux diktats du tout-anglais, proclamer que l’intelligence, l’imagination et la poésie peuvent encore nous sauver du syndrome de Babel ! Langue universelle, le français a vocation à tout dire avec clarté, et les étudiants présents ce soir le savent bien, eux dont le brio laisse bien augurer du futur. Et ce n’est point résister dans une sorte de très vieil fort Alamo, avec les Davy Crockett de notre temps, que de préférer réveiller les ressorts du français plutôt que d’admettre, par dépit ou par inconscience, sa prétendue obsolescence...

Aimez cette langue, qu’on dit complexe, elle qui a pacte avec la musique, avec la lumière, et soyez-en sûrs, elle vous le rendra ! Imprégnez-vous de ses auteurs, qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs, vous y trouverez des ressources pour vous construire, pour comprendre et aller plus loin. Lire, écrire, parler, échanger, enseigner, ce n’est pas se cacher dans un écrin idéal pour s’éviter de vivre, c’est, au contraire, danser avec les loups, qui sont en nous, dans les mots de la haine ordinaire, dans le monde des marchés froids, pour quelque jour les vaincre au détour d’une phrase, d’un chant, d’un projet, d’un poème.

À l’OPA hostile du franglais qui entend s’emparer de vous pour amoindrir votre vocabulaire et vous faire douter de vos capacités à inventer sans cesse, vous trouverez toujours, à vos côtés, un appui, non de faux mais de vrais amis dans les mots de cette langue qui vous est donnée.

Savez-vous comment cela se traduit en français des affaires ? Et surtout, n’y voyez pas une question de couleur, oh non – ce ne serait là que pur non-sens –, mais, avec tout l’humour, l’amour et le recul que l’expression suppose, ce respect de soi, cette fierté et cette fidélité dont nous aurions tant besoin quand tout bascule.

Mesdames et messieurs, cela se dit... chevalier.

Chevalier blanc
.

Frédéric Ohlen
Écrivain-Poète
Auteur de près de vingt ouvrages
Directeur de la Maison du Livre
Nouméa
Nouvelle-Calédonie

(Documents transmis par M. Daniel Miroux, Président de l'Alliance Champlain)

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