En français dans le texte…
Lors de la récente "Coupe francophone des affaires", Denise Karolewicz, élève de première G à Montmorillon, a fait un malheur : quatrième sur... 173 candidats !
"Parler franglais, c’est parler flou et penser
faux" affirment les organisateurs de cette
coupe francophone, intitulée le Mot d’Or, ouverte aux élèves de première
et terminale G ainsi qu’aux étudiants de B.T.S. Ils n’ont pas forcément
tort car même si le "shopping" et autre "marketing" sont
tentants dans notre langage courant, chalandage et mercatique sont des
équivalents français au moins aussi présentables. Encore faut-il les
connaître et savoir les employer.
Mais notre langue est largement assez riche pour pouvoir se passer de ces incursions
étrangères inutiles qui révèlent bien souvent une compréhension
approximative, à la fois de l’anglais et du français.
Une croisade anti-anglophone ? Ce n’est pas vraiment le but recherché. L’épreuve
entend plutôt promouvoir une francophonie mise à mal dans le monde des
affaires (entre autre). Elle rassemblait plus de mille élèves de l’académie
de Poitou-Charentes, en mars dernier, dont vingt-quatre représentants du lycée
Jean-Moulin. Tous décidés à tordre le cou aux termes intrus de notre langue,
et à prouver que la section G constitue une filière de qualité.
De bon augure avant le B.T.S.
Pari gagné pour Denise Karolewicz : élève de première à Jean-Moulin, déjà
titulaire d’un B.E.P. de secrétariat, elle a répondu sans faiblir à ce
questionnaire en trois parties, chassant avec doigté les briefing, brain-trust
et fresh money pour les remplacer par les mots de notre langue. Résultat :
une quatrième place académique, qui lui vaut de jolis cadeaux et une belle
satisfaction personnelle ; même si Denise a le triomphe modeste :
"Je ne m’attendais pas à un tel résultat ;
d’autant plus que le français n ‘est pas ma matière de prédilection. Mais
j’aime la lecture, et je me débrouille en orthographe. Pour le reste, je me
suis préparée la veille de l’épreuve."
Le proviseur du lycée, Serge Zouzoulas, ne cache pas lui
non plus sa satisfaction devant ce succès qui rejaillit sur la (bonne)
réputation de l’établissement : "Cette coupe francophone met en
évidence la qualité du contenu pédagogique de la section G qui, contrairement
à ce que l’on entend trop souvent, n’a pas à rougir de la comparaison avec
d’autres filières. Elle s’adresse à un autre profil d’élèves, voilà
tout.
Une réussite qui vient à point, en outre, juste avant l’ouverture du
B.T.S. de secrétariat trilingue à Montmorillon...
Quant à Denise, qui sera l’an prochain en terminale, c’est promis : elle
tentera une nouvelle prouesse dans cette coupe francophone des affaies. Un
beau défi (et non pas, de grâce, un challenge !)
Éric RICHARD.
Denise, brillante lauréate, et le proviseur Serge Zouzoulas
(La Nouvelle République du Centre-Ouest, 31 mai 1993)
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