Le "business": une affaire de français...
Les lauréats du concours "Le Mot d’Or"destiné à promouvoir le français des affaires ont reçu, leur prix hier au lycée de la Venise-Verte.
Entre "marketing", "joint venture", "raider", "royalty", "sponsor", "mailing" et autre "scoring", le business français - traduisez "le monde des affaires" - a bien du mal à se débarrasser de la langue de Shakespeare. Pour l’inciter à trouver des équivalents français, l’Association pour promouvoir le français des affaires (A.P.F.A.) a lancé en 1989, en collaboration avec l’éducation nationale, le "Mot d’Or", un concours destiné aux élèves en économie et gestion. Objectif : valoriser le français aux dépens de l’anglais dans le monde économique en trouvant les meilleures traductions.
Cette année, près de neuf cents élèves en économie et gestion de la région Poitou-Charentes, dont quatre cents dans la Vienne (lycées Le Porteau et Victor-Hugo à Poitiers, Jean-Moulin à Montmorillon, Édouard-Branly à Châtellerault) et deux cents dans les Deux-Sèvres (lycées de la Venise-Verte, Paul-Guérin et Saint-André à Niort, Joseph-Desfontaines à Melle), ont participé au "Mot d’Or" 1994. Cinquante-deux d’entre eux ont été récompensés. La remise des prix a eu lieu hier au lycée de la Venise-Verte, à Niort en présence d’une soixantaine de personnes.
Un concours 1994 qui tombe à point. Et pour cause. Le projet de loi sur la langue française vient juste d’être voté à l’Assemblée nationale. On s’en doute, ces "Mots d’Or" ne pourront que plaire à Jacques Toubon, ministre de la Culture. Le travail des élèves n’a pas seulement consisté à plancher sur le monde des affaires. Ils ont aussi proposé des traductions à des concepts nouveaux : "burrowing", sorte de "cocooning" puissance 10, est devenu, par exemple, oursinage, marmottage, voire calfeutrement.
Ces nouveaux termes, qui visent à enrichir la langue française, figureront dans les travaux de la commission de terminologie du ministère de I’Économie et des Finances et du ministère du Budget. Et seront officialisés pour, paraît-il, "une meilleure efficacité en affaires". Mais de là à rayer définitivement les mots anglais du vocabulaire, le fossé est encore grand. L’emploi de "mercatique" au lieu de "marketing" figurait déjà dans un arrêté du 29 novembre 1973 relatif à la terminologie économique et financière…M.-C.C.
(La Nouvelle République du Centre-Ouest, mercredi 18 mai 1994)
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