LE MOT D'OR 1997
Le Mot d'Or - Coupe francophone des affaires et Coupe du français des affaires - s'adresse aux élèves et étudiants en économie-gestion, aux professionnels et au grand public. Cet article rappelle ce qu'est le Mot d'Or (d'après une publication de l'APFA) et publie le sujet (et son corrigé) du Mot d'Or 1997 pour les candidats dont le français est la langue maternelle. Le sujet de l'épreuve peut être proposé par un professeur de classe de première ou de terminale ou de BTS à ses élèves. Nous publions en outre un article récompensé par le jury sur "la famille mercatique" : les professeurs pourront y trouver matière à utiliser avec leurs élèves les équivalents adéquats. Enfin, nous ne saurions trop recommander aux collègues ayant des classes de première ou de terminale STT ou de BTS d'inciter leurs bons élèves à se présenter à un prochain Mot d'Or.
QU'EST-CE QUE LE MOT D'OR ?
Placé sous le patronage du Haut Conseil de la francophonie, de l'Agence de la francophonie et de la Délégation générale à la langue française (DGLF), le "Mot d'Or" a réuni depuis sa création, dans la catégorie élèves et étudiants, 236 824 candidats dans 32 pays ; 30 826 lauréats ont été honorés lors des 224 cérémonies officielles.
Organisation
Né en 1988 dans l'académie d'Orléans-Tours, le "Mot d'Or" regroupe la coupe francophone des affaires (pour les candidats francophones) et la coupe du français des affaires (pour les candidats francisants). Il est organisé par l'association Actions pour promouvoir le français des affaires (APFA) et, selon les catégories et les pays, par la Délégation aux relations internationales et à la coopération (DRIC) du ministère de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, l'Inspection pédagogique régionale en économie-gestion, les Centres d'information et de communication du ministère de l'Économie et des Finances (CICOM), les Centres régionaux de documentation pédagogique (CRDP), l'Alliance française, les services culturels français et les missions de coopération et d'action culturelle.
Évaluation
Les professionnels sont évalués à travers leurs actions.
Les élèves, les étudiants et le grand public participent à une épreuve individuelle qui comprend trois niveaux (initiation, approfondissement, spécialisation) et quatre parties indépendantes.
- Pour les candidats des formations tertiaires en économie-gestion (pour lesquels le français est la langue maternelle) :
1. donner un mot ou une expression de la langue des affaires dont la définition est fournie ;
2. remplacer dans un texte des mots étrangers ou relevant du franglais par des équivalents français ;
3. chercher des mots nouveaux pour des concepts nouveaux ;
4. savoir entreprendre en français.
- Pour les candidats en français des affaires (pour lesquels le français est une langue étrangère), le sujet est modifié ainsi :
- pour les première et troisième parties, les propositions devront être exprimées dans la langue maternelle du candidat ;
- la deuxième partie est ainsi rédigée : remplacer dans un texte des mots français par des équivalents dans la langue maternelle du candidat.
L'épreuve d'une durée de 1 heure a lieu un jour déterminé (se renseigner auprès de l'APFA pour la prochaine session).
Des récompenses : coupes, médaille d'art "le Mot d'Or", ouvrages, cartes, dictionnaires... sont remises aux meilleurs lauréats, élèves ou étudiants originaires de chaque pays, aux lauréats professionnels et au grand public. Ainsi nous publions ci-dessous l'article sur "la famille mercatique" récompensé comme "meilleur article sur la langue française".
LES AVIS DE L'OFFICE
La famille mercatique
Au commencement, c'est-à-dire dans les années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, était le marketing. À cette époque, on a, d'entrée de jeu, eu recours à l'emprunt du terme anglo-américain marketing pour désigner l'"ensemble des principes, des techniques et des méthodes qui ont pour objectif de prévoir, constater ou simuler les besoins du marché en vue d'adapter en conséquence la production et la commercialisation de biens et services pouvant répondre aux besoins ainsi déterminés" (1).
Les marchés et les façons de les exploiter se raffinant au fil des ans, on a vu apparaître aux États-Unis, puis dans le reste du monde occidental, des réalités et des notions connexes à celle de marketing, et bien sûr les termes, simples ou composés, pour les désigner : marketing mix, marketing expert ou marketer, direct marketing, marketing plan, etc. Le marketing est même devenu une discipline, celle de la "science du marché".
Devant cet essor, il a paru opportun de réexaminer le bien-fondé de l'emprunt du terme marketing et de tous ses composés, dont la liste n'est sûrement pas close (social marketing, political marketing, marketing tool, comarketing, etc.). Quelles ressources la langue française offre-t-elle pour proposer une solution de rechange à marketing ? Est-il même pensable de le supplanter, lui et sa famille ? L'avenir répondra à cette seconde question, mais pour la première, les possibilités ne manquent pas.
À la suite de nombreuses propositions d'équivalents français, une solution semble toutefois se dégager. En effet, le terme mercatique, proposé il y a plus de vingt ans, s'est maintenu jusqu'à ce jour. Terme formé du mot latin mercatus, à l'origine de notre marché, il a comme avantages sa souplesse d'utilisation et sa facilité de dérivation, en plus d'une forme et d'une sonorité modernes.
Mercatique est à la fois nom et adjectif (comme mathématique, informatique, électronique, etc.), il est de même longueur que marketing, il n'en est pas tellement différent à l'oreille tout en étant facile à prononcer, et surtout il permet d'obtenir une famille homogène et conforme aux règles de formation des mots en français. On peut donc ainsi accueillir, en plus du nom mercatique (applicable à différents domaines : mercatique bancaire, mercatique industrielle, mercatique hôtelière, etc.), l'adjectif mercatique, qui permet de former des termes ou expressions comme stratégie mercatique, service mercarique, gestion mercatique, technique mercatique ainsi que les appellations d'emploi mercaticien et mercaticienne plus maniables que spécialiste du marketing.
À côté de la mercatique se sont développés le marchéage (marketing mix), c'est-à-dire l'"application pratique de la mercatique caractérisée par le dosage équilibré des moyens d'action, tels les produits, le prix, la distribution, la vente, la communication et la promotion, dont dispose l'entreprise pour atteindre ses objectifs" (2), le marchandisage (merchandising), qui est l'"ensemble des techniques de présentation des marchandises s'appuyant sur l'analyse du comportement des consommateurs et visant à accroître l'écoulement des produits sur les points de vente" (3), et la commercialisation, "opération de mise sur le marché d'un bien ou d'un service" (4).
Tout en reconnaissant qu'un emprunt ancien comme marketing est largement utilisé, il n'empêche que les chances d'implantation du terme mercatique sont bonnes, puisqu'un grand nombre d'instances francophones s'entendent sur l'intérêt de son adoption. Les dictionnaires généraux récents attestent tous mercatique et ses dérivés ; en France, l'association Action pour promouvoir le français des affaires se charge d'en faire une large diffusion, et des écoles de commerce donnent désormais des cours de mercatique et décernent des diplômes dans cette discipline ; des ouvrages spécialisés se plaisent maintenant à traiter de mercatique et, plus encore, la série de normes internationales ISO 9000, et particulièrement la norme 9004 intitulée Gestion de la qualité et éléments de système qualité — Lignes directrices, traite notamment de "qualité en mercatique" et de "processus de mercatique" ; ces normes ont d'ailleurs été adoptées par l'Association canadienne de normalisation (CSA).
L'Office de la langue française, tout en admettant l'emploi de l'emprunt marketing, accorde la préférence au terme mercatique, de même qu'à mercaticien, mercaticienne, marchéage et commercialisation.
Sommes-nous en train d'assister - ou de participer - à un changement linguistique ? La famille "Mercatique" a probablement un bel avenir devant elle : souhaitons-le lui jusqu'à la septième génération !
1. Définition donnée dans l'avis de recommandation de l'Office de la langue française, 7 juillet 1990.
2. Avis de recommandation de l'Office de la langue française, 7 juillet 1990.
3. Nouveau Petit Robert 1993, p. 1350.
4. Avis de recommandation de l'Office de la langue française, 2 février 1991.
Gisèle Delage et Noëlle Guilleton
N.B. : cet article est extrait du périodique La Francisation en marche, hiver 1994, de l'Office de la langue française du Québec (cette revue est devenue en 1996 Infolangue).
L'optimisme de Gisèle Delage et Noëlle Guilloton dans leur article très convaincant était de mise. En effet dans la Gazette officielle du Québec du 26 juillet 1997, on peut lire (page 880) : "Les avis de recommandation qui suivent remplacent les préavis de normalisation publiés le 7 juillet et le 2 février 1991 à la Gazette officielle du Québec : commerce - commercialisation - marchéage - mercaticien, mercaticienne -mercatique".
Ainsi la famille "Mercatique", depuis juillet 1997, est officialisée au Québec.
(Tertiaire de septembre-octobre 1998)Sommaire des articles de presse de 1998
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