LE MOT D'OR 2006
COUPE DU VOCABULAIRE DES AFFAIRES EN FRANÇAIS ET DANS D'AUTRES LANGUES
Épreuve proposée au grand public
Semaine de la langue française
Vendredi 17 et samedi 18 mars 2006Identification du participant :
Nom (en majuscules accentuées) :
Prénom :
Adresse :
Les organisateurs de la Coupe "LE MOT D'OR" vous remercient et vous félicitent d'affirmer, par votre participation, votre volonté d'entreprendre marquée par le souci d'une bonne maîtrise du vocabulaire des affaires, dans votre langue maternelle et en français.SUJET
(le corrigé est donné en vert)Le sujet comporte trois parties indépendantes. Les réponses doivent être portées sur le sujet lui-même qui sera remis aux organisateurs en fin d'épreuve.
1ère partie :
Texte de la dictée :
Bien qu’elle eût suivi quelques cours dans une école de commerce, Floriane avait gravi en autodidacte tous les échelons des services commerciaux de l’entreprise et vu enfin reconnue sa compétence de mercaticienne.
Elle avait implanté les techniques du publipostage, du démarchage téléphonique et même de l’arrosage publicitaire pour être sûre d’atteindre le maximum de personnes prospectées. Elle s’était laissé convaincre de faire cette entorse à l’éthique des affaires. Elle s’était en revanche opposée au barattage commercial.
Sa voiture refusa de démarrer. EIle emprunta celle de son stagiaire, un gars dégingandé aux cheveux carotte dont elle était le mentor. Les haut-parleurs émirent une musique bruyante et rythmée qui lui parut peu compatible avec son statut professionnel. Elle la remplaça par un compte rendu boursier.
EIle gara la voiture, alluma son bloc-notes électronique et composa son identifiant de connexion et son mot de passe. Ces précautions s‘imposaient car le disque dur contenait des informations confidentielles sur le plan d’options sur titres de l’entreprise et sur les résultats d’une séance de remue-méninges organisée pour créer une nouvelle marque.
Son programme de travail lui laissait un peu de temps avant le déjeuner. Elle suivit un mail, entra dans un centre commercial et choisit un magasin de maxidiscompte en libre service. EIle voulait flâner devant les frontales et jouer au client picoreur en achetant une babiole en promotion. Elle paierait son dû en espèces à la caisse de sortie. Elle s’intéressait aussi au marchandisage et au conditionnement des produits et cela la changeait du lèche-vitrine(s) virtuel qu’elle pratiquait parfois en naviguant sur la Toile. Son attention fut attirée par des baladeurs dessinés par des stylistes qui avaient rivalisé à l’envi d’originalité, par des articles conditionnés sous film pelliplaqué et par le magazine promotionnel du distributeur. EIle se laissa tenter par des épinglettes amusantes, en vente groupée à prix réduit.
Sur ces entrefaites, eIle s’aperçut qu’elle avait trop traîné et, quelle que fût sa faim et quelque gourmande qu’elle pût être, elle dut se contenter d’un repas rapide en service au volant car elle avait rendez-vous avec un cadre de direction d’une société qui voulait créer une coentreprise avec la sienne. Ils envisageaient de profiter de la mode du vedettariat pour parrainer ensemble de jeunes espoirs de la chanson.
Définitions de trois termes pris dans la dictée (pour les non francophones, proposition d'un équivalent dans la langue maternelle pour chacun de ces trois termes) :
Mercaticienne :
Réponse : spécialiste de la mercatique (ensemble des actions destinées à détecter les besoins et à adapter en conséquence et de façon continue la production et la commercialisation).
Publipostage :
Réponse : prospection, démarchage ou vente par voie postale.
Maxidiscompte :
Réponse : discompte (système de commercialisation permettant d'offrir au client des produits à prix réduit) agressif caractérisé par des prix très bas et par un assortiment de produits restreint et présenté sommairement.
Voici les définitions de quelques autres termes techniques de la dictée (dans l’ordre de leur apparition dans le texte) :
École de commerce : école où sont enseignées les théories et les techniques du commerce et de la gestion.
Démarchage téléphonique : technique de prospection, de vente et d'enquêtes commerciales fondée sur des appels téléphoniques en nombre et ciblés.
Arrosage : envoi d'un même message électronique (publicitaire par exemple) à un très grand nombre de destinataires au risque de les importuner.
Prospecté (adj.) : se dit d'une personne physique ou morale ayant fait l'objet d'une action de prospection.
Éthique des affaires : ensemble des valeurs et des règles morales qui s'imposent dans la vie des affaires.
Barattage commercial : technique de vente qui consiste à persuader les clients fidèles de renouveler rapidement leur équipement.
Mentor : cadre chargé d'améliorer les compétences et la réussite professionnelle d'un individu ou d'une équipe.
Bloc-notes électronique : ordinateur portatif dont le format est voisin de celui d'un grand cahier (format A4).
Connexion : procédure permettant à un utilisateur de se mettre en relation avec un système informatique et, si nécessaire, de se faire reconnaître par celui-ci.
Plan d’option sur titres : programme suivant lequel une entreprise offre à ses salariés des options d'achat sur ses propres actions.
Remue-méninges : technique de groupe destinée à stimuler l'imagination des participants en vue de leur faire produire le maximum d'idées dans le minimum de temps.
Frontal, frontale : surface visible, face au client, utilisée sur un rayonnage pour la présentation d'un produit.
Client picoreur : consommateur dont les achats sont conditionnés par les différentes remises dont il peut bénéficier et non par sa préférence pour telle ou telle marque ou enseigne.
Marchandisage : ensemble des techniques permettant d'assurer la meilleur écoulement des produits par une adaptation et une présentation des marchandises tenant compte des besoins des consommateurs et de divers éléments de politique commerciale.
Conditionnement : emballage destiné à assurer la protection, la conservation et le transport d'un produit, ou encore servant à le mettre en valeur – action de conditionner.
Naviguer sur la Toile : rechercher et consulter des documents sur Internet et exploiter les liens hypertextuels qu'ils comportent.
Baladeur : appareil portatif de reproduction sonore et éventuellement d'enregistrement, muni d'un casque à écouteurs, que l'on peut utiliser en se déplaçant.
Styliste : professionnel chargé du stylisme (travail sur l'aspect extérieur d'un produit industriel en vue d'un résultat esthétique s'accordant aux impératifs fonctionnels et commerciaux).
Pelliplaqué : plaqué comme une peau.
Magazine promotionnel : publication gratuite destinée à la clientèle.
Épinglette : petit objet décoratif qui s'épingle sur un vêtement.
Service au volant : service fourni par un établissement (banque, magasin, restaurant, etc.) aménagé de manière à permettre aux clients d'être servis sans quitter leur voiture.
Coentreprise : association d'entreprises ayant pour objet la réalisation d'un projet commun.
Parrainer : apporter un soutien matériel à une manifestation, à une personne, à un produit ou à une organisation en vue d'en retirer un bénéfice direct.
2ème partie : Imaginez un terme pour désigner les marques qui défendent une cause, écologique, éthique, sociale ou sociétale. Les consommateurs ont la conscience plus tranquille en achetant les produits sous ces marques, d'autant plus que les entreprises qui choisissent une telle démarche ne peuvent pas en faire un simple outil de communication car elles vont se trouver sous la surveillance des associations de consommateurs et contraintes de s'y engager réellement.
Exemples de réponse : marque citoyenne, marque éthique.
3ème partie : choisissez, en mettant une croix dans la case correspondante, lorigine étymologique qui vous semble être la bonne pour le mot chèque :
schicken (allemand) : envoyer
sakk (arabe) : paiement signé
cheque (anglais) : chèque
échec (français) : revers
Vous pouvez expliciter votre réponse.
Réponse : le mot chèque est une francisation du mot anglais "cheque" (que les Américains écrivent "check").
Ce mot vient probablement du verbe anglais "to check", qui signifie contrôler, vérifier, enrayer… et qui a comme sens premier celui de "mettre en échec". Il résulte d'une évolution du mot français ancien "eschec" ("échec") qui provient lui-même d'une expression persane signifiant "le roi est mort". La souche ou talon du chèque doit permettre de faire échec aux falsifications...
Certains auteurs donnent comme étymologie au mot "check" le mot arabe "sakk" (peut-être lui-même d'origine persane) désignant un paiement signé. Dans l'empire des califes Abbassides de Bagdad (du 8ème siècle au 13ème siècle), pour réduire les risques liés aux transferts de fonds, les agents du fisc recouraient au paiement signé (sakk), qui était une sorte de chèque, et les commerçants à la lettre de change (hawâla), dont le chèque est d'ailleurs un cas particulier. La lettre de change a ainsi été en usage à Bagdad bien avant qu'elle ne soit utilisée en Europe à la fin du Moyen Âge. Cette étymologie est cependant peu vraisemblable car l'utilisation du mot "cheque" (ou "check") est relativement récente (18ème siècle). On peut penser que les Templiers (au 12ème siècle) et les banquiers lombards (au 13ème siècle) ont emprunté l'idée de la lettre de change aux banquiers de Bagdad (qui étaient probablement juifs car l'Islam interdit le prêt à intérêt aux musulmans) mais ils n'ont pas introduit les mots "sakk" et "hawâla" dans les langues européennes...
La graphie "cheque" a vraisemblablement été inspirée par le mot "exchequer" qui est une évolution du mot français ancien "eschequier" ("échiquier") et qui a pris en anglais moderne le sens de "finances". Le "Chancelier de l'Échiquier" est le ministre des Finances du Royaume-Uni. On appelle "Exchequer bills" les bons du Trésor. En ancien français, on appelait d'ailleurs aussi "Eschequier" ("Échiquier") le Trésor royal. Les anciens fonctionnaires des finances faisaient en effet leurs calculs avec des tables à jetons qui ressemblaient à un échiquier (table de jeu d'échecs) et étaient désignées par le même nom.Retour au sommaire des sujets
Retour à la présentation du Mot d'Or du grand public
Retour au sommaire général